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En Allemagne, le virage à droite des conservateurs va peser sur l’Europe

Depuis des semaines, tous les sondages réalisés en Allemagne en vue des élections européennes du 9 juin donnent les conservateurs de la CDU-CSU largement en tête avec environ 30 % des voix, soit à peu près le score qu’ils avaient obtenu en 2019 (28,9 %). Si ces intentions de vote se confirment, la CDU-CSU demeurera la principale force du groupe du Parti populaire européen (PPE), qui devrait rester celui qui a le plus grand nombre de députés dans le prochain Parlement.
Cette stabilité ne doit cependant pas tromper. Car la CDU-CSU de 2024 n’est pas celle de 2019. En l’espace de cinq ans, son centre de gravité s’est nettement déplacé vers la droite. Au point que certaines alliances qui paraissaient naguère inimaginables sont désormais envisagées par certains de ses dirigeants, en particulier avec Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni.
A l’automne 2022, le président du PPE, Manfred Weber, membre de la CSU bavaroise, s’était fait sèchement recadrer par ses camarades allemands quand il avait prôné un rapprochement avec Mme Meloni après la victoire de celle-ci. « Nous ne nous réjouissons pas du résultat des élections en Italie. (…) C’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe. Le rôle du PPE et des partis démocratiques n’est pas de soutenir des gouvernements nationalistes ou d’extrême droite », avait déclaré Markus Söder, le président de la CSU.
Depuis, la digue a sauté. Reçu par Giorgia Meloni à Rome, le 10 mai, le leader bavarois a affiché une parfaite entente avec la cheffe du gouvernement italien. Il a notamment salué la fermeté de sa politique migratoire, symbolisée par l’accord passé, en 2023, entre Rome et Tirana pour construire des centres de rétention pour demandeurs d’asile, gérés selon le droit italien sur le territoire albanais.
Au sein de la droite allemande, M. Söder n’est pas seul à désormais considérer la présidente de Fratelli d’Italia comme fréquentable. « Le “pare-feu” – selon lequel les partenaires potentiels du PPE doivent être pro-européens, pro-OTAN, pro-Etat de droit et pro-Ukraine – se trouve à la droite du parti de Meloni au Parlement européen », a ainsi déclaré l’ancien ministre de la santé Jens Spahn (CDU), vice-président du groupe conservateur au Bundestag, le 21 mai, au site d’information européen Euractiv. Là aussi, l’évolution est notable. Fin 2022, quand Mme Meloni était arrivée au pouvoir, le porte-parole du groupe pour la politique étrangère, Jürgen Hardt (CDU), avait affirmé que Fratelli d’Italia défendait « des positions largement incompatibles avec celles du PPE ».
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